Entretien avec Anthony Bourbon (Feed.) : « Une startup est un véhicule de richesse et il faut que tout le monde puisse gagner »

Parti de rien, Anthony Bourbon est aujourd’hui le fondateur et PDG de Feed. A 33 ans, Anthony fait partie de ces entrepreneurs que l’on voit régulièrement sur le devant de la scène. Il est le porte-parole de ceux qui veulent réussir même s’ils n’ont à priori pas toutes les cartes pour briller dans leur vie professionnelle : pas de réseau, de soutien financier, familial ou de grand parcours scolaire.

En 4 ans seulement, Anthony et ses équipes ont fait de Feed. une marque leader dans la FoodTech : 40M€ levés, plus de 5000 points de vente en Europe et 1M de repas vendus par mois.

Son franc parler et son envie de faire les bouger les codes de l’écosystème lui ont aussi permis d’intégrer le jury de la 2ème saison de l’émission de M6 « Qui veut être mon associé ? » aux côtés d’autres investisseurs tels que Marc Simoncini (Meetic, Angell) et Eric Larchevêque (Ledger). Anthony soutient régulièrement la nouvelle génération d’entrepreneurs et a déjà investi dans plus de 40 startups françaises dont Respire, Bling, Gourmey, Happydemics, Zama, Pap & Pille et… Caption (en savoir plus).

Feed. étant désormais disponible sur Caption, nous lui avons posé quelques questions pour connaître sa vision de l’intéressement salariés et du secondaire.

Comment vois-tu cette tendance d’intéresser ses salariés au capital ?

Anthony : Ça me semble évident aujourd’hui que les équipes soient incentivées et aient envie de se dépasser au quotidien. Pour ce faire, il faut qu’elles puissent gagner de l’argent. On est à une époque où tout a évolué. Dans les années 80 et 90, il y a quelques personnes dans l’entreprise qui bénéficiaient de l’intégralité de l’intéressement. C’était des grands patrons ou des grands managers qui pour beaucoup utilisaient les employés comme de la chair à canon.

Aujourd’hui, les employés ont besoin évidemment d’avoir du sens, mais aussi de participer à la prise de richesse. Je vois la startup comme un véhicule d’investissement, un véhicule de richesse où tout le monde doit pouvoir gagner. Ça permet d’avoir non pas des employés, mais des personnes qui sont très impliquées : des associés, des actionnaires de la société.

Comment les employés de Feed. sont-ils intéressés ?

Anthony : Dès le début, on a mis en place un système assez simple : chaque personne qui était en CDI dans l’équipe avait l’équivalent de quatre ans de salaire en BSPCE. Il y avait une grille de salaire très claire. Tu prends ton salaire multiplié par 4 et on le met sur la dernière valorisation. Evidemment, ceux qui sont arrivés au tout début de l’aventure gagneront plus que ceux qui sont arrivés à la fin, mais ça paraît logique.

Ce que j’aime dans le BSPCE, c’est que ça crée de la valeur sur l’avenir. Tu ne gagnes pas sur ce qui a été créé avant toi, mais tu gagnes sur ce que tu vas créer toi-même. Je trouve ça juste et intéressant. Aujourd’hui, ça nous permet d’avoir une vraie équipe impliquée.

Comment tes équipes perçoivent-ils les BSPCE ?

Anthony : C’est vrai que le BSPCE est un outil qui promet, mais qu’assez peu de salariés utilisent in fine. C’est pour ça qu’on essaie d’être le plus transparent possible. Il faut expliquer clairement comment cela fonctionne. C’est quand même un mécanisme qui est compliqué pour le quidam qu’il ne l’a jamais rencontré. Par exemple, il faut avoir conscience que si tu quittes l’entreprise, la plupart du temps, tu as un délai assez court pour pouvoir exercer tes BSPCE. Donc, ça t’oblige à mettre de l’argent sur la table rapidement pour pouvoir avoir officiellement tes BSPCE sans être certain qu’un événement de liquidité apparaitra dans les prochains mois, voire prochaines années.

J’avais vu un chiffre assez édifiant qui disait que 75% des BSPCE n’étaient pas activés à terme. Donc nous, on a essayé d’être le plus didactique possible pour que les personnes de notre team puissent avoir les moyens de vraiment utiliser leurs bons dans l’avenir.

Qu’est-ce que Caption apporte à tes salariés ?

Anthony : Clairement, plus on apporte de liquidité aux BSPCE, plus le salarié a d’options et de choix. C’est pour ça que Caption me semble être quelque chose d’assez évident qui va remuer l’écosystème startup qui était quand même très dépendant de la bonne volonté des VCs. Avoir cette possibilité de cash-out des BSPCE à peu près à n’importe quel moment permet à l’employé d’avoir une liberté d’esprit et de savoir qu’en fonction de ses besoins – s’il veut acheter une maison, s’il veut investir dans quelque chose – il a cette possibilité de les activer.

Tout ce qui apporte de la liquidité aux BSPCE est bon. Évidemment, il faut conserver en tête qu’il y a des périodes de vesting. C’est à dire que les employés doivent rester un minimum de temps défini entre l’employeur et l’employé dans la société pour avoir 100% de leurs BSPCE. Mais cette liquidité est super intéressante et on la pousse chez nous. On l’a expliqué quand on s’est mis sur Caption de manière à ce qu’ils comprennent bien le fonctionnement et qu’ils puissent l’activer quand ils en ont besoin.

En tant que fondateur, trouves-tu risqué de donner cette liberté de cash-out aux salariés ?

Anthony : Avec mes équipes, je base tout sur la confiance. C’est super important à mon sens. J’ai toujours fait comme ça dans la vie, dans mes précédentes aventures. Si j’ai peur que la personne fuie ou parte ou utilise ce mécanisme dans son seul intérêt et pour, entre guillemets « avoir la société », c’est que je l’ai mal recruté ou que je n’ai pas réussi à lui transmettre les valeurs de Feed. Donc je ne vais pas avoir peur dans ce sens. Ce qui m’intéresse, c’est vraiment que les gens soient impliqués à 200% et pour qu’ils soient impliqués, il faut qu’ils comprennent qu’on ne les trompe pas. Je n’ai donc aucun problème pour leur laisser cette possibilité. Et je trouve même que c’est juste.

D’ailleurs, c’est un peu comme le télétravail. Si t’as peur de mettre des employés en télétravail, c’est qu’il y a un vrai souci parce que ça veut dire que tu les as mal intégrés. Tu ne leur as pas assez donné l’envie de travailler avec toi. Tout ça, c’est plus des conséquences d’un mauvais recrutement qu’autre chose.

Donc non, au contraire, je suis super content et dès que je peux réussir à offrir de la liberté à mes équipes, dès que je peux leur offrir quelque chose de concret, je le fais et ils me sont super reconnaissants. Et c’est cette reconnaissance qui fait qu’ils sont impliqués, qu’ils se défoncent et font en sorte d’avoir un maximum d’efficience dans leur travail au quotidien.

Pourquoi as-tu choisi choisi d’investir dans Caption ?

Anthony : Premièrement, c’est pour l’équipe. Je pense que c’est toujours la clé à ce stade early d’une société. Il faut croire dans les humains qu’il y a derrière. Là, c’était le cas.

Ensuite, le secteur m’intéressait parce que je trouve cet écosystème défaillant, avec quelques VCs qui ont la main sur l’intégralité des opérations et qui, évidemment, vont se reproduire entre eux. Il y a un vrai élitisme, un côté entre soi qui me gêne profondément depuis le début de mon aventure Feed. La plupart du temps, ce sont des anciens banquiers ou des personnes qui ont fait des grandes écoles de commerce et qui vont avoir tendance, évidemment, à investir chez des gens qui leur ressemblent. Il y a trop peu de diversité, trop peu de femmes, trop peu de profils qui ne rentrent pas dans leurs cases. Pouvoir enfin redistribuer les cartes m’a évidemment excité, motivé, et c’est pour ça que j’ai rejoint cette aventure.

👉🏻  Vous pouvez dès aujourd’hui retrouver FEED. sur la Marketplace de Caption

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