Grandes fortunes : le portrait-robot des milliardaires en 2025

La figure du milliardaire continue de fasciner autant qu’elle interroge. En 2025, selon les analyses croisées de l’excellent Wealth Report de Knight Frank et du méticuleux Billionaire Census d’Altrata, notre planète compte pas moins de 2700 personnes dont la fortune dépasse le seuil symbolique du milliard de dollars.
Ensemble, ces titans de l’économie mondiale possèdent près de 14,28 trillions de dollars – une somme vertigineuse qui équivaut à la production économique annuelle de plusieurs grandes puissances combinées.
Mais quelles sont précisément les dynamiques à l’œuvre dans la construction de ces fortunes hors normes ? Comment se façonnent-elles à l’intersection de la révolution de l’intelligence artificielle, de la transition énergétique et des bouleversements géopolitiques qui redessinent notre quotidien ? Cet article apporte un éclairage sur le sujet.
Comment devient-on milliardaire ?
Entrer dans le club très fermé des milliardaires passe d’abord par la création d’entreprise, encore aujourd’hui l’entrepreneuriat est le chemin le plus direct vers la richesse extrême.
La technologie et la finance s’imposent comme les deux autoroutes royales vers le club du milliard. Le secteur technologique, à lui seul, concentre 3200 milliards de dollars répartis entre seulement 401 individus.
Parallèlement, les arcanes de la finance ont vu émerger 427 milliardaires, témoignant de la capacité toujours exceptionnelle de ce secteur à générer des fortunes.
Des figures emblématiques comme Elon Musk (Tesla, SpaceX), Jeff Bezos (Amazon), Mark Zuckerberg (Meta) ou l’ascension de Melanie Perkins (Canva) illustrent bien la diversité des territoires où l’initiative individuelle peut se transformer en empire économique. Bernard Arnault (LVMH), bien qu’ayant initialement bénéficié d’une entreprise familiale comme tremplin, a bâti un groupe mondial en enchaînant des acquisitions stratégiques, combinant héritage et ambition entrepreneuriale. Plus récemment, Guillaume Pousaz (Checkout.com) incarne également une nouvelle génération de milliardaires, tournée vers l’efficience numérique et technologique.

Sans surprise, l’héritage demeure un vecteur majeur dans la genèse des grandes fortunes. Plus d’un tiers des milliardaires mondiaux doivent leur statut à la transmission patrimoniale. Cette proportion significative s’explique par des mécanismes profondément ancrés : concentration progressive du capital sur plusieurs générations, accès précoce à des ressources d’investissement considérables, et déploiement de stratégies sophistiquées de gestion patrimoniale coordonnées par des structures dédiées comme les family offices. Gérés avec expertise, ces patrimoines ne servent pas seulement à préserver les fortunes familiales, mais aussi à les faire croître à l’échelle mondiale avec une efficacité remarquable.
L’âge constitue un autre facteur évident, et la tendance ne fait que s’affirmer. En 2014, l’âge moyen du milliardaire était de 63,3 ans ; il atteint aujourd’hui 65,7 ans.

Warren Buffett illustre parfaitement cette tendance au vieillissement des grandes fortunes. À 94 ans, sa richesse s’est construite patiemment depuis les années 1950, à force d’investissements réfléchis et de décisions à long terme avec Berkshire Hathaway. Contrairement aux success stories rapides souvent mises en avant, son parcours montre que devenir milliardaire reste, dans la majorité des cas, le résultat d’un chemin long, structuré et constant.
Le profil type du milliardaire
En cette année 2025, la figure du milliardaire demeure très majoritairement masculine. 87% des grandes fortunes sont portées par des hommes. Si ce déséquilibre ne date pas d’hier, illustrant la lenteur des transformations, on peut noter une progression féminine. La proportion des femmes au sein du club des milliardaires, qui plafonnait à 10% en 2014, atteint désormais 13%. Cette évolution progressive, bien que mesurée, laisse entrevoir une dynamique encourageante – même si elle demeure objectivement insuffisante au regard du nombre croissant de femmes entrepreneuses dans le monde, qui représentent par exemple aujourd’hui près de 30% des fondateurs de start-ups innovantes.

Mais alors, où habitent ces fortunes ? Sans trop de surprise, l’hégémonie américaine est persistante. Les États-Unis abritent 30% des milliardaires mondiaux, qui concentrent à eux seuls 40% de la richesse « Ultra High Net Worth » globale. Cette suprématie s’explique par la domination incontestée des États-Unis dans les secteurs tech, financiers et du divertissement – domaines où l’innovation de rupture et l’accès privilégié au capital-risque jouent un rôle déterminant. Des entreprises phares telles qu’Apple, Amazon, Microsoft et Tesla incarnent cette dynamique d’enrichissement accéléré, portées par des dirigeants devenus le symbole d’une génération d’entrepreneurs.
La Chine, bien qu’elle conserve sa position de deuxième puissance en nombre d’ultra-riches, enregistre un recul significatif. Sa part dans la richesse globale des milliardaires est tombée sous la barre symbolique des 10%. Ce déclin, loin d’être anecdotique, trouve ses racines dans une conjonction de facteurs structurels : ralentissement économique exacerbé par les tensions commerciales internationales, resserrement drastique de l’étau réglementaire sur les conglomérats privés – particulièrement dans les secteurs technologiques et immobiliers – ainsi que l’instabilité chronique des marchés financiers chinois. Des géants autrefois triomphants comme Alibaba, Tencent et Evergrande, longtemps considérés comme les moteurs inépuisables de la croissance chinoise, ont vu leur expansion brutalement freinée par des politiques de régulation particulièrement contraignantes.


En contraste, l’Inde affiche une ascension remarquable, avec une augmentation spectaculaire de 12% de son contingent de milliardaires entre 2023 et 2024. Cette dynamique exceptionnelle est propulsée par la croissance robuste et soutenue de son économie, combinée à l’émergence fulgurante de secteurs stratégiques tels que les services technologiques, l’industrie pharmaceutique, les énergies renouvelables et la production manufacturière – tous renforcés par des politiques gouvernementales délibérément orientées vers la stimulation de l’entrepreneuriat national et l’industrialisation endogène. Des magnats visionnaires tels que Mukesh Ambani (Reliance Industries) et Gautam Adani (Adani Group) incarnent parfaitement cette montée en puissance indienne sur l’échiquier mondial des grandes fortunes.
Les secteurs générateurs de milliardaires connaissent également des évolutions notables : si la technologie conserve sa position dominante – un statut qu’elle n’est pas près d’abandonner – les études révèlent l’émergence de nouveaux viviers prometteurs. L’industrie manufacturière, particulièrement en Chine malgré son ralentissement relatif, les énergies renouvelables portées par l’urgence climatique, la biotechnologie galvanisée par les avancées post-pandémiques, et l’industrie du luxe s’affirment comme des territoires particulièrement fertiles pour l’éclosion des fortunes de demain.
Les tendances futures
L’avenir des grandes fortunes ne sera assurément pas uniformément réparti. L’analyse prospective des tendances économiques mondiales désigne l’Afrique comme l’un des grands bénéficiaires potentiels de la prochaine vague d’enrichissement massif, avec une prévision particulièrement audacieuse : une croissance de 17,8% du nombre d’individus disposant d’une fortune supérieure à 10 millions de dollars de 2024 à 2028 – un chiffre qui, s’il se confirme, redessinerait significativement la cartographie mondiale des grandes fortunes.
Les industries émergentes, elles, s’affirment comme les catalyseurs privilégiés des fortunes naissantes. Les technologies vertes, portées par l’impératif climatique, l’intelligence artificielle générative et prédictive, la robotique avancée appliquée à des secteurs traditionnels, mais aussi l’exploration spatiale commerciale et l’agritech de précision, constituent les territoires d’élection où s’édifieront vraisemblablement les colosses économiques de demain. Le milliardaire du futur proche sera statistiquement plus jeune, potentiellement plus diversifié culturellement et géographiquement, évoluant dans des écosystèmes économiques en pleine effervescence, parfois situés loin des centres traditionnels de la richesse mondiale.
Lucy Guo : le visage du futur

Parmi les figures émergentes qui symbolisent cette nouvelle ère, Lucy Guo incarne la mutation profonde des modèles d’accès à la richesse extrême. À seulement 30 ans, elle est devenue la plus jeune femme milliardaire autodidacte de la planète. Fille d’immigrés chinois de première génération, passionnée depuis l’adolescence par les arcanes de l’intelligence artificielle, elle prend la décision d’abandonner son cursus à la prestigieuse université Carnegie Mellon pour cofonder Scale AI, une entreprise spécialisée dans l’annotation de données destinées à l’entraînement des algorithmes d’apprentissage profond.
Sa trajectoire éclair cristallise l’évolution accélérée des dynamiques contemporaines d’enrichissement. Elle incarne simultanément les trois piliers définitoires de cette nouvelle génération de grandes fortunes, à savoir l’innovation technologique de rupture, la diversité générationnelle et culturelle, et la célérité d’exécution – une combinaison qui caractérise les réussites les plus fulgurantes de notre époque et préfigure les contours du capitalisme de demain.
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